Il y a des milliers d'années, presque toute la Suisse était recouverte d'une épaisse carapace de glace, dont l'épaisseur atteignait par endroits deux kilomètres. Vers les Alpes, des îlots rocheux isolés émergeaient de la mer de glace. Dans les petites zones libres de glace sur le Plateau, il y avait une végétation de toundra aride dans laquelle les rennes et les mammouths se déplaçaient à la recherche de nourriture. C'était l'âge de glace !

Les glaciers ont atteint leur plus grande extension lors de la dernière période glaciaire il y a environ 24 000 ans. Les glaciers du Rhin, de la Linth, de la Reuss, de l'Aar et du Rhône ont avancé depuis les Alpes avec leurs énormes langues jusque loin sur le Plateau. La vallée du lac de Zurich se trouvait sous l'épais bras du glacier de la Linth. L'ouest du Plateau, de la région de Soleure jusqu'à bien au-delà du lac Léman, était enseveli sous l'imposante masse de glace du glacier du Rhône. Dans l'ensemble, seules quelques régions de Suisse sont restées libres de glace.

Une hausse globale des températures a fait reculer progressivement les courants glaciaires vers les Alpes. Les témoins des grandes glaciations et les héritages des périodes glaciaires sont omniprésents : moraines, blocs erratiques, drumlins et lacs alpins du Plateau. Le paysage actuel, tel qu'on le voit aujourd'hui depuis le Felsenegg, doit sa diversité à l'ère glaciaire. Avec le réchauffement, la végétation actuelle s'est développée lentement mais sûrement. Les hommes se sont installés et ont influencé leur environnement par leur mode de vie.

Le dernier million d'années a été caractérisé par une succession de périodes froides qui ont duré entre 40 000 et 100 000 ans, entrecoupées de phases intermédiaires plus chaudes mais plus courtes, appelées périodes chaudes. Cette succession de variations climatiques est appelée cycles glaciaires. Bien que cela semble paradoxal, nous vivons aujourd'hui à l'ère glaciaire, même si c'est dans une phase intermédiaire, c'est-à-dire une période chaude.

Les cycles glaciaires résultent de légers changements périodiques dans la manière dont la Terre tourne autour du soleil. Entre autres, l'orbite de la Terre est parfois plus elliptique et l'inclinaison de l'axe terrestre par rapport au plan orbital varie (cycles de Milanković). Ces petits changements provoquent de grandes différences en ce qui concerne le rayonnement solaire à la surface de la Terre. Cela entraîne de fortes variations de la température moyenne globale et conduit ainsi à des cycles de temps froid/temps chaud. C'est pourquoi, à intervalles réguliers, des glaciations et des déglaciations étendues se produisent dans le monde entier, entraînant des modifications du niveau de la mer.

Les analyses de carottes de glace prélevées dans l'Antarctique montrent que la température globale, la concentration de CO₂ dans l'atmosphère, le niveau de la mer et la glaciation mondiale sont étroitement liés. Les mesures effectuées à partir de carottes de glace prouvent que la concentration de CO₂ n'a jamais dépassé 300 ppm au cours des 800 000 dernières années. La combustion de combustibles fossiles par l'homme a fait grimper la concentration de CO₂ à plus de 420 ppm, annulant ainsi l'influence des cycles de Milanković sur le climat. La concentration de CO₂ va continuer à augmenter fortement. L'ampleur de cette hausse dépendra de ce que nous, la communauté mondiale et les responsables politiques, ferons ensemble pour le climat.

Les scientifiques ont esquissé trois scénarios jusqu'en 2100, qui englobent les évolutions socio-économiques, démographiques, technologiques, politiques, institutionnelles et les tendances en matière de mode de vie.

Les modèles numériques sont capables de simuler les interactions entre le climat et les processus environnementaux. Ces modèles sont des instruments précieux pour approfondir la compréhension des cycles glaciaires, dont les preuves géologiques sont rares, et pour calculer l'évolution future des glaciers. Les modèles climatiques et glaciaires les plus modernes ont permis de reconstruire l'évolution temporelle de l'extension des glaciers pendant le dernier cycle glaciaire (120'000 ans) dans les Alpes européennes. De nouvelles techniques de visualisation, basées sur l'intelligence artificielle, permettent de représenter l'arc alpin sur la période des cycles glaciaires comme si les images étaient prises par un satellite.